Supérieure: Sr EUPHRASIE KASAFYA
Période : de 2000 A NOS JOURS
Durée : 24 Ans
Historique 1994
Avant les années 1990, le phénomène des enfants de la rue n'attire pas l'attention des sœurs salésiennes car ce phénomène n’existait pas. Le « processus de démocratisation » amorcé à la suite du discours du Président Mobutu, en date du 24 avril 1990, précipite le pays dans une situation politique et socio-économique parmi les plus sombres de son histoire, caractérisée par divers 152 phénomènes tels que les pillages - de triste mémoire ! -, l'inflation galopante, le non-paiement des travailleurs, l'intolérance politique. Tout ce climat dépressif que connaît le pays ne manque pas d'avoir des incidences sur l’explosion du phénomène des enfants de la rue. Les responsables de la province Notre-Dame d'Afrique ne peuvent pas rester insensibles à cette triste réalité ; toutefois, il s’agit d’abord de réfléchir pour discerner de quelle manière les sœurs peuvent s'engager dans un projet aussi délicat.
Cela demande de la patience et beaucoup de prières. Les sœurs avaient déjà quelques contacts sporadiques avec ces jeunes, mais il fallait une structure stable. Après avoir pris conseil auprès d’autres personnes, notamment auprès des pères salésiens qui avaient déjà une œuvre de ce genre, en mars 1994, le Conseil Provincial demande, aux supérieures de Rome, leur avis sur l'engagement dans ce domaine. La réponse ne se fait pas attendre, Mère Générale, Marinella Castagno, et son conseil, donne son accord avec joie. Elle invite cependant la province à chercher les fonds nécessaires auprès d'une ONG, car elle est convaincue que beaucoup de ces organismes sont très sensibles à des œuvres de ce genre. Encouragée par la suite favorable accordée à la demande, la Province songe déjà à placer l'œuvre sous le patronage de Laura Vicuna, du nom d’une jeune fille Chilienne morte à l'âge de 13 ans et considérée comme un modèle de vertu et de vie chrétiennes. Laura, qui a été béatifiée le 3 septembre 1998 aux Becchi, est donc prise par la Province Notre-Dame d'Afrique comme patronne pour les filles de la rue à encadrer. Aussitôt, les FMA s'engagent dans la recherche de la maison pouvant abriter l'œuvre ainsi projetée. Les fermes Jacarandas, Garbaccio, La Pondeuse, aux alentours de la ville, retiennent l'attention des FMA.
Toutefois, pour divers motifs, elles décident d'installer l'œuvre au Centre-ville. En février 1995, Monsieur Noca, l'entrepreneur chargé de construire la maison provinciale des sœurs et responsable de la ferme Jacarandas, informe les sœurs qu'une grande maison en pleine ville, située sur l'avenue Kamanyola, au numéro 2072, est mise en vente par son propriétaire, monsieur Mulaba. Ce dernier, ancien Directeur de la société « Ciments du Shaba » (CIMSHABA), désire aller s'installer définitivement à Kinshasa, et a décidé de vendre son immeuble avant son départ. Le choix des sœurs penche pour cette maison, car elle est bien située et suffisamment spacieuse pour que les jeunes y soient à l’aise. Entre-temps, les autorités tant civiles que religieuses, et plus particulièrement le bourgmestre de la commune de Lubumbashi, Madame Marie-Louise MUTWALE NGELWE et l'Archevêque de Lubumbashi, Monseigneur Eugène KABANGA, encouragent les sœurs et les invitent officiellement à s'occuper de l'œuvre.
Monsieur Mulaba, pour sa part, content d'apprendre que la maison sera un lieu d'accueil pour fillettes démunies, diminue le montant demandé initialement. Connaissant l'attention que l'Organisme espagnol « MANOS UNIDAS » accorde aux divers projets en Afrique, la Province des sœurs décide de s'adresser à lui106. C'est ainsi que le 06 avril 1995, 153 les sœurs Giovannina, Econome provinciale et Marie Carmen qui a l’avantage d’être Espagnole, s'embarquent pour l'Espagne où elles espèrent être reçues par les responsables de «MANOS UNIDAS», afin d'obtenir l'argent nécessaire pour l'achat de la maison. La providence aidant, Madame Ana DE FELIPE, responsable du Comité Exécutif de l’ONG, accueille favorablement la demande de fonds. Le 14 septembre 1995, la somme nécessaire pour l'achat est versée. Quelle grande joie ! Merci Seigneur, nous sommes sûres qu’en accueillant ces enfants, c’est Toi que nous accueillons. Le jour même de l’achat, Sr Giovannina, aidée par les sœurs Agnès KUNDA, Anne-Marie ILUNGA, Véronique KIMBALA et Marie-Thérèse KAMANAYO commencent le transport du mobilier et d'autres effets destinés à la maison Laura. Toutes travaillent avec enthousiasme en pensant à ces fillettes qui y trouveront le bonheur d'un chez-soi et apprendrons à aimer le Seigneur. Le versement de la somme nécessaire à l'achat de maison Laura va s'accompagner d'autres gestes providentiels de la part des autorités congolaises.
C'est le cas notamment du ministre des finances de l'époque, monsieur PAY-PAY et du Conservateur des titres fonciers à Lubumbashi, monsieur Ilunga BULAYA. Le premier signera l'exonération totale des frais ponctuels prévus au service du cadastre ; le second accordera, sans difficultés, le certificat d'enregistrement de la maison, le 12 octobre 1995. Désormais, les sœurs se sentent heureuses d'être en possession d'un abri sûr et définitif pour les fillettes de la rue. 157 Le dimanche 22 octobre, sœur Marie Esther YUBERO et sœur Marie Thérèse Kamanayo se rendent à la cité des Jeunes, une œuvre des pères salésiens destinée à la lutte contre la délinquance juvénile et le phénomène des enfants de la rue. Le but de la visite est d'approcher ces enfants qui ont l'habitude de passer leur dimanche dans la prière, la joie et l'amour, sous le regard bienveillant des salésiens. Les sœurs constatent que, parmi eux, il y a assez bien de filles. Après cette rencontre les sœurs rentrent à la maison avec davantage d’idées et la ferme volonté de créer quelque chose pour les filles. Le 24 octobre 1995, jour consacré à Marie-Auxiliatrice, est celui projeté par les sœurs pour occuper la nouvelle maison.
Dans la matinée, les sœurs Giovannina, Floria et Marie Thérèse présentent la nouvelle œuvre au curé de la Paroisse Sainte Elisabeth, le Père Stan, de la congrégation des Spiritains. Ce dernier félicite les sœurs de cette initiative et leur promet son soutien. L'ancien propriétaire, avec sa famille, aurait dû libérer la maison en ce jour du 24 octobre pour aller à Kinshasa. Malheureusement, un fait imprévu retarde d'un jour son départ. Après le souper, sœur Floria et sœur M. Thérèse, partent sur les lieux de leur nouvelle mission. Sœur Giovannina les accompagne et passe la première nuit avec elles ; le 25 octobre, dès les premières heures de la journée, celle-ci conduit l'ancien propriétaire de la maison et sa famille à l'aéroport. Soeur Anne157 Témoignage de Sœur Giovannina Malamocco, Kafubu, le 2/08/1997. Marie, en attendant son départ pour Mbuji-Mayi, se joint à la petite communauté de la maison Laura. Que Marie auxiliatrice fasse descendre la bénédiction de son Fils sur le nouvel apostolat.
Œuvres de la maison :
a. Enfants de rue. L’unique et principale mission de cette maison, ce sont les jeunes filles à risques. Une fois la maison acquise, elles commencent à venir de partout. Il faut d’abord que les sœurs vérifient si ces enfants n’ont pas de famille, et si les familles veulent bien les reprendre. Ensuite, petit à petit, les sœurs avec quelques bénévoles cherchent à organiser quelques cours, à cultiver le jardin potager, à entretenir la maison et accomplir d’autres travaux manuels.